Rien ne semble arrêter Vianney d’Alançon. Après avoir fait reconstruire la forteresse médiévale de Saint-Vidal, en Haute-Loire, l’entrepreneur de 36 ans, passionné d’Histoire de France et de patrimoine, investit 20 millions d’euros sur la transformation du château de la Barben, site millénaire au Rocher Mistral, non loin d’Aix-en-Provence. Un projet gigantesque, sur les traces de ce qu’a fait la famille de Villiers en Vendée, au Puy du Fou. Le château, qui sera transformé en parc à thèmes, culturel et historique, fera revivre les traditions provençales. Vianney est également fondateur des Joailleries religieuses.
D’où vous vient cette passion de l’Histoire de France et du patrimoine ?
Vianney d’Alançon : J’ai toujours été sensible aux vieilles pierres, au patrimoine et à l’histoire. En tant que Français, nous avons la chance de vivre dans un pays au patrimoine remarquable doté d’une his-toire d’exception, cela a coulé dans mes veines et s’est renforcé tardivement par des lectures, des architectures…
Pourquoi n’avez-vous pas poursuivi dans les études ?
Je suis en effet totalement autodidacte, j’aime construire, bâtir, j’aime l’action. J’ai décidé de quitter les études pour me lancer dans des projets entrepreneuriaux. Au départ dans l’artisanat, la bijouterie, la maroquinerie, l’art et intelligence de la main me fascinent, tout comme les savoir-faire français. Je suis attiré par les belles matières, les beaux matériaux. Cela a stimulé mon envie d’aller au-delà.
Comment en êtes-vous venu à racheter la forteresse de Saint-Vidal (en Haute-Loire) ?
Je connaissais très bien la région et le château pour des raisons familiales, il y avait matière à créer un projet multiforme en se lançant dans la restauration de ce lieu absolument remarquable. J’étais dans une réflexion personnelle et je me suis lancé seul. Je voulais lier la pierre et la chair, qu’il ne s’agisse pas seulement d’une restauration, même si j’admire les restaurateurs, je voulais imaginer des spectacles pour faire revivre ce lieu, redonner de la vie et du sens à ce paysage, et créer un pôle économique attractif.
De nombreux jeunes sont venus y travailler (d’une moyenne de 27 ans) dans un département où l’exode rural joue à plein. La dimension sociale du projet est un investissement clé, il y un engagement patrimonial avec la restauration, un engagement économique avec la création d’emplois, sans oublier les aspects de rayonnement culturel, une fierté, un sentiment d’appartenance à cette culture bimillénaire incroyable.
Comment avez-vous trouvé les fonds ?
J’ai financé personnellement à hauteur de mes capacités, la seconde étape a été d’emmener des partenaires, car ce sont des projets collectifs menés avec les régions, la CCI, l’agglomération de Puy-en-Velay, le ministère de la Culture, et des privés comme la fondation Michelin, etc. Le tout a été bouclé en six mois. À Saint-Vidal, nous avons investi dans la durée. Dans un village de 650 habitants, 30 000 visiteurs viennent sur site, 2 spectacles avec 300 bénévoles et des comédiens salariés ont été créés, un hôtel 5 étoiles a ouvert au printemps dernier, une brasserie (qui a d’ailleurs eu une médaille d’argent sur sa bière blanche)… il s’agit d’une aventure protéiforme, nous essayons de susciter de petites aventures entrepreneuriales dans la grande.
Et ce grand projet du Château de la Barben : c’est un formidable défi !
J’ai eu envie de poursuivre, avec ce château qui a 1000 ans d’histoire, très en vue et très mal en point. Ici, le projet a été d’emblée plus important, de l’ordre
de 40 millions d’euros, avec la création de 12 spectacles, 2 restaurants, pour attirer 100 000 visiteurs. Le projet a permis à 400 emplois directs et indirects de voir le jour. Le démarrage de l’acquisition de Saint-Vidal a commencé en juillet 2016 pour une ouverture en juin 2018, l’achat du château de la Barben s’est finalisé en 2019, et en juin 2021, avec le Covid et tutti quanti, le site ouvrait avec 200 salariés. Nous sommes très heureux des retours, et avons été soutenus par les institutionnels, la région, le département, la métropole Aix-Marseille, les chambres consulaires, Pôle emploi, etc, ce type de projets est très fédérateur.
Financièrement, êtes-vous dans vos prévisions ? Avez-vous d’autres projets ?
On essaie d’être dans le budget, nous sommes encore en dessous. Le Covid a évidemment posé des problèmes, et nous devons faire face à des contraintes réglementaires ubuesques. Pour exemple, je me suis penché sur une reprise d’entreprise en difficulté en Haute-Savoie, avec 50 salariés pour y relancer une activité bijouterie, il fallait repenser le bâtiment industriel, et nous étions obligé de déposer un permis d’aménager. J’ai dû fermer le dossier, car cela signifiait deux années de bataille administrative avant de pouvoir avancer. De ce fait, je suis en phase d’opéré un autre rachat, en province, une Entreprise du Patrimoine Vivant.
Comment arrivez-vous à mener tout cela de front ?
Je travaille beaucoup, ces projets sont porteurs de sens, mais malheureusement, en dépit de bons leviers grâce aux leviers du partenariat avec Pôle Emploi, le recrutement est globalement assez difficile. Je sais déléguer, j’ai conscience que pour développer et entreprendre, il faut s’appuyer sur des personnes qui ont de réelles compétences, de la loyauté, les équipes sont le relais de votre énergie et de votre intention.