Les nombreuses acquisitions de vignobles ces dernières années ne sont pas simplement le signe d’une vraie force du territoire français en matière de viticulture. Cela signifie que le vin rosé est en passe de jouer la carte du prestige made in France, de l’excellence viticole face à des concurrents étrangers très solides et en choisissant la porte étroite du luxe, l’une des spécialités françaises à l’export.
Mais attention à conserver les amateurs qui n’iront pas sur des vins trop premiums et devenus excessifs en prix. Ceci entraîne d’ailleurs de fortes tensions sur le foncier de la région et un mécontentement évident des acteurs locaux. Pernod-Ricard a récemment déclaré envisager la rétrocession d’une vingtaine d’hectares à la SAFER afin qu’ils puissent être achetés à des prix « normaux » par de jeunes viticulteurs si possible. Lorsque LVMH achète un domaine aux alentours de 400 millions d’euros, il s’agit normalement d’un domaine bourguignon ou bordelais. Or, il s’agit ici du Minuty et de la Provence.
Après les achats d’hommes d’affaires fortunés désireux de s’installer dans la région, les grands groupes finissent de changer la donne, provoquant une envolée des prix notamment sur les zones côtières. Pour les familles de viticulteurs indépendants, la question des droits de succession peut se poser, à l’image de l’excellent travail réalisé par l’entrepreneur Jean-Louis Croquet avec son domaine Premium Château-Thuerry, dans le Haut-Var.
Les problèmes existent, mais il faut se réjouir que la France puisse rayonner grâce à l’essor du segment du vin rosé, si longtemps décrié par les spécialistes, mais plébiscité par les Français et qui a le vent en poupe à l’international.
Anne Florin