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Vincent Bolloré : les dessous d’une success-story


Il est aujourd'hui l'un des rares capitalistes français libres et fortunés, et il a construit un groupe puissant, dont la force de frappe est évaluée à près de 10 milliards d’euros. Son arrogance et ses coups de tête agacent, mais son bagou, son indépendance et son savoir-faire fascinent toujours.

Entreprendre - Vincent Bolloré : les dessous d’une success-story

Il est aujourd’hui l’un des rares capitalistes français libres et fortunés, et il a construit un groupe puissant, dont la force de frappe est évaluée à près de 10 milliards d’euros. Son arrogance et ses coups de tête agacent, mais son bagou, son indépendance et son savoir-faire fascinent toujours.

« Sous un abord charmeur, Vincent Bolloré est d’abord un tueur. Mais dans ce monde-là il y a peu de curés. » (Jérôme Seydoux)

Son histoire familiale

Petit dernier d’une famille de cinq enfants, Vincent est le fils de Michel Bolloré (1922-1997), industriel breton, et de Monique Follot, dont la mère, Nicole Goldschmidt, a beaucoup compté pour lui. Ancien élève du lycée Janson-de-Sailly, il est titulaire d’un DESS de droit des affaires à l’issue duquel il a obtenu un doctorat à l’université Paris X Nanterre.

L’homme d’affaires, catholique pratiquant, est le père de quatre enfants issus de son union avec Sophie Fossorier : Yannick, Sébastien, Cyrille et Marie, avant de se remarier avec Valérie Jeanneret. Natif de Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine, sa résidence principale est la villa Montmorency dans le 16e arrondissement de Paris.

Une carrière fulgurante

Vincent Bolloré commence sa carrière en 1970 à l’âge de 18 ans, à la banque de l’Union européenne industrielle et financière, avant d’être nommé, en 1975 à l’âge de 23 ans, directeur-adjoint à la Compagnie financière Edmond de Rothschild, alliée de la famille Bolloré.

En 1981, la papeterie familiale OCB est au bord du gouffre. Vincent ne supporte pas l’idée de l’extinction du nom de Bolloré en Bretagne. Il reprend la société pour le franc symbolique, avec son frère aîné Michel-Yves, ingénieur. Il sort l’entreprise de sa tradition papetière en la recentrant sur les sachets à thé, puis investit dans le secteur industriel des films plastiques ultrasons utilisés dans l’industrie des condensateurs.

En 1992, il investit dans la compagnie de transport maritime Delmas-Vieljeux, mais cet investissement ne sera pas porteur. Il se lance ensuite dans les médias en 2000 et dirige pendant un temps à partir de 2001 la banque d’investissement italienne Mediobanca, dont il reste actionnaire. Puis il est présent dans la publicité et la communication avec le groupe français Havas et le britannique Aegis ainsi que la presse gratuite (Direct Matin).

 

Sarkozy et la polémique de 2007

Le 8 mai 2007, le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, se repose sur un yacht de grand luxe, le Paloma, propriété du très discret homme d’affaires Vincent Bolloré. Pour la première fois, ce dernier apparaît au grand jour. Le patron du groupe éponyme était jusqu’à présent une personnalité très connue du monde des affaires pour ses coups boursiers, mais dont la notoriété avait peu dépassé ce cercle.
Depuis, il cherche à tout prix à revenir à l’anonymat, relatif, des grands patrons.

Pourtant, ses récentes incursions dans la publicité (Havas, Aegis) et surtout dans les médias audiovisuels et écrits (Direct Soir, Direct 8, Matin Plus, SFP,…) font que nombreux sont ceux qui se penchent sur la trajectoire de cet homme, sur sa personnalité et sur sa vision du monde.

Les réseaux de Vincent Bolloré

Vincent Bolloré a su se construire des réseaux et s’attirer la bienveillance de puissants protecteurs comme Antoine Bernheim, l’associé-gérant de Lazard, ou Claude Bébéar, le patron d’Axa. De Antoine Bernheim, il dit : «Antoine m’a créé et soutenu depuis le début, estime Vincent. Sans lui, le groupe n’existerait pas.» Culturellement de droite, ancien proche de Madelin et de Longuet, il est ami avec Nicolas Sarkozy.

Mais ses amitiés politiques sont éclectiques, notamment grâce au maire de Quimper, Bernard Poignant, qui l’a introduit dans les milieux socialistes. Ses réseaux s’étendent jusqu’à l’Afrique, où, avec Michel Roussin, l’ancien ministre de la Coopération, il a construit un empire : transport, logistique, culture d’hévéas et d’huile de palme, voiture électrique, film plastique, distribution de fioul…

En septembre 2013, il a annoncé qu’il voterait pour la candidate PS Anne Hidalgo lors des élections municipales de 2014 à Paris, rendant en même temps hommage au maire sortant Bertrand Delanoë, lequel a permis la mise en place du service de voitures électriques Autolib’, dont le groupe Bolloré est l’exploitant.

Une réussite à l’international

En trente ans, Bolloré est parvenu à faire de l’entreprise un conglomérat international présent dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture (plantations en Afrique, vin en France), du transport, de la logistique, du fret maritime, de la publicité (Havas) ou encore des médias (Direct Matin, institut de sondage CSA). Par le biais de ses activités, en 2012 son groupe est présent dans 152 pays, emploie 55 000 personnes et réalise 10,2 milliards d’euros de chiffres d’affaires..

En 2011, il obtient le marché de l’Autolib’ à Paris ; cela lui permet de mettre en avant la batterie au lithium-métal-polymère produite par le groupe Bolloré, qu’il souhaite étendre à d’autres systèmes urbains avec le système Bluecar, en particulier Lyon et Bordeaux en France, Indianapolis aux États-Unis et à terme des grandes métropoles asiatiques.

Après la revente des chaînes Direct 8 et Direct Star au Groupe Canal+ via un échange d’actions, il devient en 2012 le premier actionnaire de Vivendi. Le 24 juin 2014, il remplace Jean-René Fourtou en tant que président du conseil de surveillance de Vivendi.

Son arrivée à la tête de Vivendi

 Depuis juin 2014, Vincent Bolloré préside à la destinée de Vivendi, un groupe désendetté après les cessions et recentré sur les médias. Il est resté secret sur la stratégie qu’il compte mettre en œuvre.

Une chose est sûre, le groupe aura les moyens de ses ambitions. Après la vente de SFR à Numericable, il disposera de 6 à 7 milliards d’euros de cash. Même si Vivendi a prévu de rendre à ses actionnaires «près de 5 milliards d’euros en 2014 et en 2015», il lui restera la faculté d’avoir à nouveau recours à la dette pour financer des opérations de croissance externe dans l’audiovisuel et dans le numérique.

L’idée sous-jacente est d’avoir accès à des entreprises capables de distribuer du contenu média. Il s’agirait donc pour Vivendi de bâtir un réseau avec des participations significatives chez des opérateurs télécoms. 

 

Retraite en 2022 ?

Le magnat a prévu de prendre sa retraite le 17 février 2022, le jour du bicentenaire de l’entreprise familiale, et de passer la main à ses quatre enfants.

Prévoyant de passer la main en 2022, il a déjà fait monter deux de ses enfants à des postes-clés : Yannick est PDG de Havas, tandis que Cyrille se concentre sur les batteries et véhicules électriques. Une chose est certaine, on n’a pas encore fini d’entendre parler de la famille Bolloré, certainement l’une des plus belles réussites entrepreneuriales à la française.

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