La nostalgie, ces derniers temps affichée dans de nombreux médias pour les années Pompidou, atteste bien du hiatus. La claque enregistrée aux dernières présidentielles avec Valérie Pécresse, trop obnubilée par le médiatiquement correct, aurait pu servir de leçon. Les dirigeants LR ont-ils vraiment la force de tout reconstruire ? C’est peu probable ! Devenu parti de notables, l’ex mouvement gaulliste (l’est-il encore ?) osera-t-il remettre en cause ce syndrome de gestion technocratique qui, finalement, le caractérise le mieux pour décrire son action lorsqu’il est au pouvoir.
On est assez loin de de Gaulle et de Pompidou ! Incapable de mettre fin au désordre migratoire, de faire diminuer l’endettement public, de réformer l’État, de libérer l’Éducation, de défiscaliser, de décentraliser ou d’endiguer l’insécurité, les LR n’apparaissent plus que comme des donneurs de leçons de sérieux sans avoir su les mettre en œuvre. C’est gênant et c’est tout le drame actuel du parti d’Éric Ciotti malgré toutes les qualités individuelles de son candidat aux européennes, le philosophe versaillais François-Xavier Bellamy. Sur l’alliance des droites, les élus sont également profondément divisés. Lorsque certains prônent une alliance des droites avec Reconquête, Debout la France, le RN voire l’UPR ; d’autres, tels Jean-François Copé, restent arqueboutés sur des schémas antérieurs, celui des années 2000.
Du coup, il n’est guère étonnant de voir aujourd’hui une Malika Sorel, essayiste clairement ancrée jusque-là au LR aux côtés de François Fillon, sortir du bois et venir désormais, sans choquer, rallier le RN et sa liste, en deuxième position, aux Européennes du sémillant Jordan Bardella. Jeune homme médiatique mais qui n’a jamais dirigé la moindre entreprise ou collectivité locale.
À l’instar d’ailleurs d’un certain Emmanuel Macron ! Pour cette fille d’Algériens, ancienne membre du Haut Conseil à l’intégration, le constat est trop clair : « J’ai été traumatisée par les conditions anti-démocratiques dans lesquelles François Fillon a été éliminé en 2017. Depuis, je suis orpheline : et je n’ai pas trouvé chez LR, de personnalités qui ait suffisamment de courage politique pour redresser la France… » affirme Malika Sorel au Figaro (25/3/2024). Le coup porté à Laurent Wauquiez ou David Lisnard est suffisamment rude et il laissera des traces. Ce dernier, gaulliste tendance libérale, vient de manquer une occasion de se démarquer en ne demandant pas de calmer le jeu sur une possible intervention militaire en Ukraine.
Constatant « une décomposition française », Malika Sorel, qui a travaillé avec Dominique de Villepin ou Nicolas Sarkozy, estime de son côté que : « le RN est le seul parti qui défende les intérêts supérieurs de la France… » ajoutant sans équivoque que : « La libanisation est en train de se produire, avec en prime le chaos migratoire, sécuritaire ou scolaire… » Rarement constat sur la société française n’aura été aussi cruel. Le problème est qu’il est partagé par de plus en plus de nos compatriotes qui ne comprennent pas que les LR continuent de faire comme si on avait tout le temps devant nous. Et qui ne saisissent pas comment les droites, face a de tels dangers pour notre pays n’arrivent pas à proposer un front commun, ce que propose de faire également le solitaire mais courageux Nicolas Dupont-Aignant.
Robert Lafont